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A 63 ans, Thierry Sallantin est l’un des pionniers de la décroissance. Cet ethnologue a longtemps vécu en communion avec la nature, ce qui lui a permis de prendre conscience des dangers de la société actuelle prônant la croissance économique et la productivité.

JE MILITE POUR LA DÉCROISSANCE

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« Nous vivons dans une société dangereuse, à la fois vis-à-vis des êtres humains mais aussi des autres êtres vivants. Nous sommes à la veille de la sixième extinction massive des espèces ; c’est pour cela qu’il faut se lever, être debout et c’est pour cela que je viens à la Nuit Debout ». Avec son chapeau rouge sur la tête et sa chemise orange, impossible de manquer ce personnage haut en couleurs. Sorti tout droit de L’an 01, film culte des années 70, Thierry Sallantin, 63 ans, a monté lui-même son stand dédié à la décroissance. Sur les panneaux écrits à la main, on peut lire : « Ne travaillez jamais, le travail nuit à vos rêves », ou encore « Vive l’an 01 ! ». Il cherche à interpeller et partager sa vision du monde qu’il défend depuis l’enfance.

 

Thierry Sallantin est né dans la forêt de Chizé et élevé par sa mère selon la méthode pédagogique Montessori. Il est scolarisé en CM2 et il devient très rapidement un excellent élève. « Ma routine c’était collège, bibliothèque, maison », se souvient-il. Ses jeux consistaient à jouer avec les animaux dans la nature. Après avoir remporté le concours général des lycéens en géographie, il obtient une bourse pour partir vivre chez les Touaregs au Niger. Il se spécialise ensuite en ethnologie et milite pour l’objection de conscience. Il crée en 1971 l’expression « objecteur de croissance ». « La vraie bataille c’est de quitter les villes, les usines pour mettre en place des contre-sociétés alternatives ».

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Ce retour à la terre lui donne l’envie d’un retour à la forêt. C’est pour cela qu’il part en Amazonie en 1986, où il restera 15 années au sein d’une tribu. Son engagement pour la décroissance, nourrie de cette expérience, se radicalise alors. Thierry raconte son aventure à travers de nombreuses photos qu’il ne peut s’empêcher de montrer à son stand. L’homme y apparaît le corps musclé et vêtu d’un simple pagne. « J’étais isolé en forêt avec les Amérindiens, la route la plus proche se trouvait à 200 kilomètres ; j’ai appris la chasse, la pêche et la cueillette pour survivre dans la nature », ajoute-t-il avec entrain.


L’Amérique du Sud a profondément marqué l’engagement de Thierry Sallantin. Il s’est opposé à l’exploitation des mines d’or, en se voulant défenseur et porte-parole des indiens d’Amazonie. Un combat mal vu par les puissances industrielles et gouvernementales qui a coûté la vie à deux de ses confrères occidentaux. « J’ai eu la chance de rester en vie ; pour ma part, ce ne fut que de la prison ». Les services secrets français ont demandé à Thierry de quitter le pays mais ce dernier a refusé au nom de ses idéaux. Cette décision lui a valu six ans d’enfermement en France.

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"Moi, président..."

THIERRY, LE DÉCROISSANT

EN ACTION THIERRY !

Aujourd’hui, pour sensibiliser le plus grand nombre, Thierry Sallantin et d’autres partisans de la décroissance relancent le journal écolo des années 70 La Gueule ouverte qui sera bientôt en kiosque pour trouver une résonance dans le débat public. Pour sa part, Thierry souhaite même établir une communauté s’inspirant du mode de vie amérindien. « C’est un retour à une vie simple, où il n’est pas question de développement mais de son contraire, l’enveloppement, soit l’art de vivre modestement, avec une faible empreinte écologique. C’est un mode de vie soutenable en coexistence harmonieuse avec toutes les espèces animales et végétales. Il est plus que jamais temps de choisir le camp de la Résistance ! ». 

La décroissance, kézako ?

La « décroissance économique » est un concept à la fois économique, politique et social en opposition avec la politique des sociétés modernes dont l’objectif est la croissance économique. D’après la charte de la décroissance : « La décroissance ne propose pas de vivre moins, mais mieux avec moins de biens et plus de liens ».

 

Les partisans de la décroissance insistent sur le fait que l’empreinte écologique a atteint un seuil, où la croissance, même durable, n’est plus possible. L’empreinte écologique correspond à la surface moyenne nécessaire par habitant pour produire les ressources qu'il consomme et pour traiter ses déchets et ses pollutions. Selon l’ONG WWF, si tous les êtres humains adoptaient le mode de vie occidental, il faudrait 3 à 8 planètes Terre pour subvenir à tous les besoins.

 

Plutôt que d’encourager la société fondée sur le PIB, les militants de la décroissance préfèrent se référer à d’autres indicateurs comme l’IDH (Indicateur de Développement Humain) ou encore l’empreinte écologique.

 

La décroissance a pour but de responsabiliser chaque individu, pour qu’ils reviennent à un mode de vie plus simple et donc plus respectueux de l’environnement.  

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